MY FATHER
Deux-mille-douze, deux-mille-seize, 2019
Si tu pensais qu’un jour je t’oublierais
Je t’le dis, c’est raté de chez raté
Avec du vieux, on ne fait pas du neuf.
Et même si tu vois tout d’en haut, papa
Je veux te parler de la relation
Que je continue d’avoir ici-bas
Avec ma curatrice, qu’est pas coton.
Tu sais, les choses ne sont pas toujours roses
Parfois, je dirai même qu’elles sont rouges-vif
Tiens, pour trois fois rien, elle explose
Et prétend que tout devient négatif.
C’est vrai, elle en a eu tant marre de moi
Qu’elle a pensé lâcher la curatelle
Pour la confier à mon frère, rien que ça
Empirant la situation actuelle.
Faut dire que je n’suis pas facile non plus
Mais, avec mon frère, c’est impossible
Le juge est tombé d’accord pour le dire
Rien donc ne changera, n’en parlons plus.
Le juge est un homme, il a bien tranché
Sachant qu’avec ma mère je m’entendais
A mon frère il n’a pas voulu accorder
Une mission qui l’aurait dérangé.
Quand j’’écris ces mots, mon père adoré
Je pense à toi qui me donnes l’envie
De sourire encore et de résister
Même si parfois la vie n’est pas facile.
Mon père, heureux oui, mais toujours discret
Aimant les bons vins et la bonne bouffe
Mélomane, attaché, un truc de ouf’
Aux belles chansons yiddish de son passé.
Toi qui possédais quatre langues, pas moins
Tu n’as pas toujours su trouver les mots
Ces simples mots que j’attendais, en vain
A cause d’une pudeur perchée si haut.
Laisse-moi te dire, mon vieux, mon père aimé
Qu’aujourd’hui, quand il m’arrive de pleurer
Ca n’est que pour regretter, tu le sais
Ce vide immense que tu as provoqué.